L'isthme signifie, du point de vue linguistique, une séparation entre deux choses différentes: la terre qui sépare deux mers ou deux fleuves; le verbe qui sépare l'humain et l'animal; ou la séparation entre le doute et la certitude.
Du point de vue religieux, l'isthme est la vie démunie de chagrin ou des délices corporels dans le lieu où l'âme se libère du corps.
En effet, il existe trois sortes de vie:
1- La vie présente dans laquelle les corps et les esprits jouissent de délices ou souffrent de chagrins.
2- La vie dans l'isthme est la vie où les esprits se séparent de corps qu'ils habitaient et jouissent seuls des délices ou demeurent
seuls dans leurs souffrances. Si on leur trouve dans le monde supérieur des charpentes qui peuvent leur servir de gîte, ils y demeurent mais il se peut qu'on lui trouve rien
Cette phrase fait allusion au hadith authentique relatif à la vie des martyrs et confirmé par le Coran: «Leurs esprits se trouvent dans le ventre d'oiseaux verts dont les lanternes sont suspendues au Trône. Ils circulent dans le Paradis en toute liberté puis retournent à ces lanternes» (Rapporté par Moslim).
3- La vie de l'au-delà où les esprits retournent dans les mêmes corps qui étaient les leurs dans la première vie et dont ils s'étaient séparés au moment de la mort.
La deuxième vie est intermédiaire entre la première et la troisième vie. C'est la vie dans l'isthme qui sépare la vie présente l'au-delà, une période d'attente qui a pour but de réunir les esprits et de les parfaire pour les préparer à entrer dans la vie de l’au-delà.
La première vie se fonde sur l'opération de la création successive. Le Seigneur crée le corps et l'esprit d'une certaine manière. La créature vivra ainsi pendant une durée déterminée. Ensuite arrive le moment où le corps se sépare de l'esprit: c'est l’heure de la mort. Ses œuvres sont conservées dans un registre spécial et gardées pour la vie de l'au-delà à condition qu'il ait atteint dans la vie présente la puberté et ait joui d'une bonne santé mentale, d'une bonne ouïe et d'une bonne vue.
Les créatures se succèdent dans la vie présente par génération: les uns naissent alors que d'autres trépassent et ainsi de suite jusqu'à la fin du monde décrétée par le Seigneur. C'est alors que commence une deuxième vie.
En conclusion, je répète que si la création se poursuit de cette façon, il doit nécessairement y avoir une vie intermédiaire entre les deux vies où les esprits de réunissent une fois leurs missions dans la vie présente achevées. Lorsque leur nombre se complète, le Seigneur leur restitue leurs anciens corps et les ressuscitent afin qu’ils soit récompensés au Paradis ou châtiés au Feu.
La vie présente est donc une vie d'action, celle de l'au-delà est une vie de rétribution. Quant à la vie intermédiaire, c'est une vie d’attente.
Le Seigneur Tout Puissant confirme le fait que la première vie est une vie d'actions sans rétribution, alors que la vie de l'au-delà est une vie de rétribution et non point d'actions:
Tout homme goûtera la mort: vous recevrez sûrement votre rétribution le Jour de la Résurrection. Celui qui sera préservé de Feu et introduit au Paradis aura trouvé le bonheur. La vie de ce monde n'est qu'une jouissance éphémère et trompeuse
Coran III, 185
La question que l'on se pose à ce stade est la suivante:
- Y a-t-il dans la vie de l'isthme -celle où les esprits se séparent des corps- des délices dont jouit l'esprit ou un supplice qui le rend malheureux durant cette période d'attente?.
La réponse est effectivement positive et détaillée dans le chapitre suivant.
Les différentes étapes des délices et des supplices de l'esprit dans l'isthme
La Première étape: La mort et l'arrachage de l'esprit du corps qu'il habite.
Lorsque des Anges de miséricorde ou de supplice arrachent l’esprit, celui-ci jouit de délices ou de tortures conformément aux recits véridiques et authentiques:
Si tu voyais les Anges emporter les incrédules! Ils frapperont leurs visages et leurs dos: «Goûtez le châtiment du Feu pour prix de ce que vous avez fait». -Dieu n'est pas injuste envers ses serviteurs-
Coran VIII, 50-51
Si tu voyais les injustes lorsqu'ils seront dans les abîmes ; la mort, et que les Anges, leurs mains tendues, diront: dépouillez-vous de vous-mêmes, vous serez rétribués aujourd'hui par le châtiment de l'humiliation, pour avoir dit, à Dieu, le contraire de la vérité, et pour vous être, par orgueil, détournés de ses Signes». Vous voilà venus à nous, nus, comme nous vous avons créés une première fois. Vous avez abandonné ce que nous vous avions accordés
Coran VI, -94
Lorsqu'il dit: «Les mains tendues», il indique que les Anges tirent le mourant incrédule en le frappant sur son visage et son dos conformément aux dires divins:
«Que feront-ils lorsque les Anges les rappelleront et happeront leurs visages et leurs dos?»
Coran XL VII, 27
Cette torture est destinée aux esprits hypocrites des incrédules de criminels. Quant aux personnes pieuses et croyantes, le prophète, qu'Allah le bénisse et le salue, dit à leur propos:
«Lorsque le serviteur croyant quitte la vie présente et se dirige vers l'au-delà, il verra arriver du ciel des Anges aux visages blancs pareils au soleil, portant un des linceuls du Paradis et des aromates du Paradis et s'installent à grande distance de lui. L'Ange de la mort viendra et s'installera près de sa tête et dira: «ش bon esprit, sort au pardon et l'agrément d'Allah. L'esprit coulera telle une
goutte coulant d'une outre».
Au sujet de l'esprit hypocrite des incrédules, le Prophète dit:
«Lorsque le serviteur incrédule quitte la vie présente et se dirige vers l'au-delà, il voit arriver des Anges aux visages noirs portant des habits râpeux et s'installent à grande distance de lui. L'Ange de la mort arrive et se met près de sa tête et dira:
«ش esprit hypocrite, sors à la colère d'Allah. L'esprit s'effraye et sera arraché tout comme la brochette de la laine trempée». Ce hadith est rapporté par Ahmad, Mounziri et An-nassa'i.
La deuxième étape: Les délices et les supplices dans la tombe:
La tombe est la première demeure de la deuxième vie et le seuil de l'au-delà. Les délices et les supplices sont, au cours des premières heures du séjour, propres au corps et à l'esprit joints ensemble. C'est après que l'esprit y fait face ou en jouit en toute exclusivité.
La confirmation de cette réalité est accordée par l'argumentation comparative de la raison et également par les récits légaux et religieux.
En effet, la raison ne refuse pas la possibilité de ce fait. Aucune contradiction logique ne vient perturber l'imagination des supplices et délices dans la tombe.
L'écoulement de l'esprit telle une goutte de l'outre désigne la facilité de la sortie de l'esprit. Mais son arrachage du corps telle la brochette est arrachée de la laine trempée signale sa difficile sortie. L'effroi désigne la peur extrême éprouvée par l'esprit qui agit ainsi afin de fuir.
En outre, chaque homme se voit dans ses songes dans une lueur de délices et se perturbe quand son rêve vient à s'interrompre.
Il se voit également en songe en pleine souffrance dont il se sauve par l'éveil. Pourtant, ce rêve, bénéfique ou maléfique, laisse ses empreintes dans l'âme du rêveur pour un certain temps.
Quand aux récits religieux qui y sont relatifs, nous en citons le hadith authentique suivant:
«Lorsque l'Ange de la mort tient l'esprit de l'esclave croyant dans sa main, les Anges ne le lui laissent que la durée d'un clin d'œil, ils le prennent, le mettent dans ce linceul et le parfument d'aromates et s'en dégagent alors la meilleure des odeurs musquées existant sur terre. Ils le prennent et s'élèvent vers le ciel. Chaque fois qu'ils passent près d'un groupe d'anges, ceux-ci disent:
- Quel est ce bon esprit? Et la réponse sera:
C'est un Tel fils d'un Tel, et citeront le meilleur des noms lés dans la vie présente. Arrivés au ciel inférieur, ils demanderont la permission de l'introduire dans ce ciel.
La permission lui sera accordée et l'esprit sera accompagné ciel à un autre jusqu'à atteindre le septième ciel. Le Seigneur dire: Inscrivez mon serviteur au plus haut degré du Paradis et remettez-le sur terre dans son corps.
Deux anges s'approcheront alors de lui et demanderont:
- Quel est cet homme qui vous a été envoyé?
- C'est le Messager d'Allah, répondra-t-il
- Comment le sais-tu?
- J'ai lu le Livre d'Allah, répliquera-t-il, et y ai cru.
Un crieur dira du ciel.
Mon serviteur a dit vrai, installez-le au Paradis et ouvrez-lui e ses portes.
Il recevra alors une odeur paradisiaque et sa tombe s'étendra largement.
Un homme au beau visage, bien habillé et parfumé s'approchera de lui et dira:
- Réjouis-toi d'avoir tout ce qui te rend heureux. C'est bien le Jour promis.
- Qui es-tu? s'exclamera-t-il, ton beau visage m'apporte une bonne annonce.
- Je suis tes bonnes œuvres, répondra-t-il Et l'homme d'implorer:
- ش Seigneur, décrète l'heure pour que je retourne à ma famille et mes biens».(Rapporté par Abou Dawoud et Ahmad et considéré comme authentique).
Il dit aussi:
«Lorsque l'Ange de la mort prend l'esprit du serviteur incrédule, les anges ne le laissent que la durée d'un clin d'œil et le mettent dans ces vêtements râpeux et l'esprit devient tel le cadavre le plus puant qui existe sur terre. Ils l'emportent et s'élèvent dans le ciel. Lorsqu'ils passent près d'un groupe d'anges, ceux-ci diront:
- Quel est cet esprit hypocrite?
- C'est un Tel fils d'un Tel, répondront-ils, le désignant par le plus laid de ses noms connus durant sa vie présente.
Ils demanderont, pour lui, la permission d'entrer au ciel mais cette permission ne leur sera point accordée.
Et le Messager d'Allah de citer le verset suivant:
Ils n'entreront pas dans le Paradis aussi longtemps qu'un chameau ne pénétrera pas dans le trou de l'aiguille
Coran VII, 40
Le Seigneur dira:
- Inscrivez-le en tant que prisonnier dans la terre inférieure.
Ensuite, l'esprit est jeté conformément au verset qui dit:
Quiconque associe quoique ce soit à Dieu se trouve comme s'il était tombé du ciel; un oiseau de proie le saisît et l'emporte, ou bien le vent le précipite dans un lieu très éloigné
Coran XXII, 31
Son esprit retourne dans son corps.
Deux anges s'approcheront de lui et demanderont:
- Quelle religion professes-tu?
- Euh! euh! je ne sais pas, dira-t-il.
- Qui est cet homme qui vous a été envoyé?, demanderont-ils.
- Euh! euh! je ne sais pas, répètera-t-il. Un crieur appellera du ciel en disant:
- Il ment; installez-le au Feu et ouvrez-lui une porte de la Géhenne.
C'est alors qu'il sera touché par sa chaleur et ses venins; sa tombe se rétrécira jusqu'à briser ses côtes.
Un homme laid, portant des habits horribles dégageant une odeur puante lui dira:
- Réjouis-toi d'avoir tout ce qui te rendra malheureux! C'est le jour dont on t'a averti.
- Qui es-tu? ش homme laid m'apportant une mauvaise annonce.
- Je suis tes mauvaises œuvres, sera la réponse.
- Seigneur, s'exclamera-t-il alors, ne décrète pas la dernière heure.
Un homme aveugle, sourd et muet, portant à la main un bâton capable de pulvériser une montagne s'approche de lui et le frappe, le transformant en poussière.
Le Seigneur lui redonne sa forme. L'homme le frappe une deuxième fois et il s'écriera si fort qu'il sera entendu partout à l'exception des Djinns et des humains».
Al Barra' ajoute: Une des portes de la Fournaise s'ouvre alors et un lit de feu lui sera destiné.
Dans un hadith authentique, le Prophète dit: «Un de ses deux anges s'appelle Mounkar et l'autre Nakir. Ces anges crèvent la terre avec leurs canines, frappent le sol de leurs lèvres; leurs voix sont pareilles au tonnerre et leurs regards sont pareils à l'éclair...». (Rapporté par Ahmad et jugé par Al-Hafez Al Mounziri comme bon).
La troisième étape: Les délices ou supplices de l'esprit durant sa vie dans l'isthme, loin de la tombe mais toujours en corrélation avec elle.
Lorsque prend fin le séjour dans la tombe où les œuvres de l'homme sont examinées et il jouit des délices ou souffre des tortures selon sa réponse à la question des deux anges, le Seigneur donne le bonne réponse aux croyants et égare les injustes;
Lorsque cette période prend fin, l'esprit humain est confiné dans un dépôt de miséricorde au plus haut degré du Paradis ou dans un dépôt de supplice dans une prison au fin fond de l'abîme. Il y reste emprisonné jusqu'au jour de la Résurrection, Jour où le Seigneur restitue les corps à leurs esprits.
Mais les esprits, furent-ils au plus haut degré du Paradis ou au fin fond de la Fournaise, demeurent en contact direct avec la tombe où leurs corps sont ensevelis.
C'est de cette façon qu'il connaîtra les visiteurs de la tombe et ceux qui le saluent
Ibn 'Abdel Barr cite le hadith authentique d'après Ibn "Abbas qui dit: «Lorsqu'un homme passe auprès de la tombe de son frère musulman qu'il connaissait de son suivant et le salue, son esprit lui est restitué pour qu'il rende le salut»(Déjà cité dans le chapitre des mets et breuvages Du Paradis).
Grâce à ce contact, les esprits goûtent aux plaisirs du Paradis et souffrent des supplices de la tombe. Seuls les martyrs en sont exceptés conformément au Coran et à la Sunna qui affirment que les esprits des martyrs seront dans les vésicules d'oiseaux verts qui se baladent dans le Paradis et prennent asile dans des lanternes suspendues au Trône.
Le Seigneur dit à cet égard:
Ne crois surtout pas que ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu sont morts. Ils sont vivants! Ils seront pourvus de biens auprès de leurs Seigneur, ils seront heureux de la grâce que Dieu leur a accordée
Coran III, 169-170
Le Messager d'Allah, qu'Allah le bénisse et le salue, dit:
«Leurs esprits-ceux des martyrs- se trouvent dans les entrailles d'oiseaux verts qui ont des lanternes suspendues au Trône. Elles circulent librement au Paradis puis retournent à ces lanternes.
Leur Seigneur les regarda et dit:
- Désirez-vous quelque chose? Et les esprits de répondre:
- Que pouvons-nous désirer alors que nous pouvons quitter le Paradis et aller à l'endroit que nous désirons.
Le Seigneur répéta la question à trois reprises et lorsqu'ils remarquèrent qu'il attend une réponse, ils dirent:
- Seigneur, nous désirons que tu rendes nos esprits à nos corps pour qu'on meurt dans ton chemin une deuxième fois. Lorsqu'il constatera qu'ils ne désirent aucune chose. II les laissera». (Rapporté par Moslim).
La Foi du Croyant
Par Abou Bakr Jaber Al Jazaeri